“人的一生,大概就是如此吧。仅有的那点欢乐匆匆逝去,取而代之的是无法忘怀的悲伤。这些事情,还是不要让孩子知道比较好。”
«Le temps passe et il fait tourner la roue de la vie comme l'eau celle des moulins.
Cinq ans plus tard, je marchais derrière une voiture noire dont les roues étaient si hautes que je voyais les sabots des chevaux. J'étais vêtu de noir et la main du petit Paul serrait la mienne de toutes tes forces. On emportait notre mère pour toujours. Pendant des années, jusqu'à d'homme, on n'avons jamais eu le courage de parler d'elle.
Puis, le petit Paul est devenu très grand. Il portait une barbe de soie. Dans les collines de l'Etoile, qu'il n'a jamais voulu quitter, il menait son troupeau de chèvres. Il fut le dernier chevrier de Virgile. Mais à 30 ans, il disparut à son tour.
Mon chere Lili l'attendait depuis des années au petit cimetière de la Treille sous un carré d'immortelles. En 1917, dans une noire forêt du Nord, une balle en plein front avait tranché sa jeune vie, et il était tombé sur des touffes de plantes froides dont il ne savait les noms.
Telle est la vie des hommes. Quelques joies très vites effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants.
Encore dix ans, et je fondai une société de films. Le succès couronna l'entreprise. Et j'eus alors l'ambition de construire sous le ciel de ma Provence une cité du cinéma. Mon notaire s'était mis à la recherche ce beau projet. Il trouva mon affaire pendant que j'était à Paris. Et c'est par téléphone qu'il m'informa de sa découverte. Son enthousiasme était grand, et je le savais honnête. J'achetai donc ce domaine sans l'avoir vu.
Huit jours plus tard, mon équipe et moi allions prendre procession de la terre promise. Ce n'était pas un monument historique, mais l'immense demeure d'un grand bourgeois du Second Empire.
Je regardais orgueilleusement la naissance d'une grande entreprise lorsque je vis au loin une haie d'arbustes. Mon souffle s'arrêta, et sans en savoir la raison, je m'élançai dans une course folle à travers la prairie et le temps. C'est seulement quand je le vis par-dessus la haie que je reconnus le château. Celui de la peur, de la peur de ma mère.
Oui, c'était là. C'était bien le canal de mon enfance de refis lentement le chemin de mes vacances de petit garçon et les chères ombres du passé marchaient auprès de moi. Au pied du mur, tout près du canal, il y avait la porte noire, celle qui n'avait pas voulu s'ouvrir sur les vacances, la porte du père humilié.
Il me sembla que je respirais mieux, que le mauvais charme était conjuré. Mais de l'autre côte du temps, il y avait depuis des années une très jeune femme brune qui serrait toujours sur son cœur fragile et les roses rouges du Roi. Elle entendait les cris du garde et le souffle rauque du chien. Blême, tremblante, et pour jamais inconsolable, elle ne savait pas qu'elle était chez son fils. »